Sujet : Michel GALABRU

Bonjour,

L’acteur Michel Galabru joue encore au théatre dans "L’entourloupe", et doit revenir en mars à Béziers et Nîmes pour "Jules et Marcel". Laissons le s'expliquer lors d'une entrevue avec Adrien BOUDET: "Les descendants de Marcel Pagnol ont découvert des lettres dans un grenier. C’était une correspondance entre Marcel Pagnol et Jules Raimu. Pagnol était un génie. Raimu, d’aucuns disaient qu’il était bête. Mais il était en fait intelligent et fort drôle. Il y avait des fâcheries, ça parlait boulot… Une réelle connivence a été mise au jour par ces lettres. On a décidé de les interpréter. Moi je suis Raimu et Philippe Caubère Pagnol. "

A.B.: "Tout de même, vous avez la forme… Vous n’arrêtez pas de faire du théâtre !"
M.G.: "Ce n’est pas parce qu’on vieillit (il a 87 ans, NDLR) qu’on n’aime pas ce que l’on fait. Il y en a certains, leur passion, c’est le billard, les boules, les cartes. Ils joueront encore aux cartes au cimetière. Moi, c’est le théâtre. Pourquoi voulez-vous que ça s’arrête ?"

A.B.: "On parle souvent de vous en disant "Galabru, c’est un monstre sacré…"
M.G.: "C’est flatteur mais c’est faux. Il n’y a plus de monstre sacré. Peut-être Depardieu. Moi, je ne suis pas hors du commun. A Montpellier, quand j’y étudiais, j’allais voir au cinéma Raimu, Fernandel, Jouvet, Harry Baur. Ça, c’était des personnages hors du commun… Leur monstruosité résidait dans leur façon de parler, leur quotidien. Quand Raimu parlait, toute la drôlerie de Marseille rentrait en scène. Jouvet, c’était tout le cynisme du monde.
Maintenant, les metteurs en scène de cinéma ont pris le pas sur l’acteur. On ne veut plus des personnages hors du commun mais des gens de tous les jours. Le monstre sacré est devenu le metteur en scène. Moi je suis un acteur, un simple comédien."

A noter que Michel Galabru, qui a aujourd'hui 87 ans, a tourné dans 4 films avec Fernandel:
- La bourse et la vie
- La cuisine au beurre
- Le bon roi Dagobert
- Le voyage à Biarritz

On ne peut que féliciter sa longévité dans le métier !

DIGGI
Webmèstre du site Fernandel
http://fernandel.online.fr

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Re : Michel GALABRU

en effet, 269 films au compteur!!!

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Re : Michel GALABRU

Et la class ! il reçoit encore dans sa loge pendant de longs moments ! une perle ! il sera en belgique dans pas longtemps et je l'ai encore vu l'année dernière ! en plus il a toujours un petit quelque chose @ dire sur une ou l'autre chose , ces partenaires ect ...

http://www.2ememain.be/magasin/inthecity

Re : Michel GALABRU

une personne que j'aime bien,en plus il aime bien le sud de la France,il a déjà tourner dans ma ville natale!
dommage que je n'est put y assister.

Re : Michel GALABRU

Oh il a tourner HONORIN une série pour tf1 @ l'époque que j'ai toujours en vhs d'ailleur ! c'atait si mignon ! et les jolis paysages ...

http://www.2ememain.be/magasin/inthecity

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Re : Michel GALABRU

Dans une interview de Michel Galabru parue dans l'Express du 2 02 2012, celui-ci parle des monstres sacrés qu'il a connus et ne s'estime pas à la hauteur de ces grands acteurs. Par contre il estime que Fernandel n'était pas trés intelligent mais que c'était un génie. Bizarre car en me souvenant d'avoir lu un livre sur ses mémoires il y a quelques années (Trois petits tours et puis s'en vont - 2002) Fernandel était un être exceptionnel et intelligent....

Voici l'interview de Michel Galabru :

Michel Galabru revient sur son parcours alors qu'il joue sur scène dans la Femme du boulanger. Entre regrets et affirmation, l'acteur se confie. 

Depuis quelque temps, on vous voit partout, même en invité d'un journal télévisé de 20 heures. Vous êtes devenu l'acteur avec un grand A, alors qu'il n'y a pas si longtemps vous n'aviez qu'un tout petit a. Comment vivez-vous ce changement ?

Tous ces compliments sont aimables. Comme un dernier adieu. Mais je ne suis pas dupe : les flatteries font toujours plaisir même si elles sont fausses. Il n'y a pas si longtemps, c'est vrai, personne n'aurait pensé me faire ces compliments. Il y a une part de mode. Un truc mystérieux. Comme avec les princesses : il y a eu l'époque Grace de Monaco, Farah Diba et Lady Di. Ce sont des produits. Comme nous, les acteurs. Un type a dit qu'il faut manger cinq fruits au quotidien ? Bon. Et pourquoi pas quatre ? On ne sait pas. Le truc a pris. C'est du théâtre, tout ça. Du jeu, de la manipulation. Et en politique, c'est pareil. Giscard dit à Mitterrand "Vous n'avez pas le monopole du coeur" et il gagne l'élection. Une phrase magnifique. Mais une phrase de théâtre. Le public l'entend, il marche.   

Un jour, quelqu'un a donc dit : "Cette fois, c'est au tour de Michel Galabru" ?

Mon cas est un peu différent, je crois, car c'est venu progressivement. La rumeur... comme dit Basile dans Le Barbier de Séville. Moi, je suis un petit cabot. On dit que je suis un monstre parce que je suis vieux : ce n'est pas vrai. Des monstres, j'en ai connu et c'était autre chose : Raimu, Harry Baur, Louis Jouvet, Jules Berry, Fernandel... Lui n'était pas très intelligent, mais c'était un génie. Sans compter les seconds rôles : Carette, Jean Tissier, Saturnin Fabre... Franchement, je ne suis aucun de ceux-là. J'ai joué avec eux, je sais de quoi je parle. Je ne faisais pas le poids. Moins de présence. C'est mystérieux ça, la présence. Imaginez un général de brigade venu de nulle part, débarquant à Londres et qui devient l'emblème de la France. Comment a-t-il pu s'imposer ? Moi, j'ai été ouvreur au Théâtre de Chaillot et j'ai vu un soir de Gaulle arriver ; je peux vous dire qu'on se sentait zéro à côté de lui. J'ai aussi joué avec Michel Simon dans L'Ibis rouge. C'est une autre dimension. J'ai su très tôt que je ne serais pas un grand. Mais ouvrir la porte à ces gens-là m'aura suffi. 

A défaut de présence, il existe une affection du public à votre égard...

Il est bien obligé de se mettre sous la dent ce qu'il a. L'époque est pauvre. Il n'y a plus de Claudel ! Bon, ça m'emmerde, Claudel, mais c'était un grand bonhomme. Côté acteur, Depardieu serait le seul à avoir cette dimension. Ce sont des symboles. Quand Raimu joue, c'est tout Marseille qui débarque. Quand Harry Baur pelote Jacqueline Delubac dans Volpone, c'est toute la luxure du monde qui dégouline sur l'écran. 

Une fois que vous en avez pris conscience, vous vous êtes dit que vous alliez jouer en seconde division?

Voilà, c'est ça. 

Regrettez-vous de ne pas posséder le truc qu'ont ces acteurs-là ?

Je regrette surtout ne pas avoir été bankable au cinéma. J'aurai rendu au métier ce qu'il m'a donné. Avec l'argent gagné, j'aurais acheté un théâtre dans lequel j'aurais programmé des acteurs, des musiciens, des poètes, des peintres. Quelque chose de vivant avec des jeunes. Je voulais faire de ce théâtre une maison. 

Que vous a-t-il donné, ce métier?

Il m'a donné une vie intéressante. J'ai débuté comme cabot brut de brut. Je ne suis pas très cultivé et j'ai appris les classiques en les jouant. J'ai appris la vie, en fait. Grâce à ces textes immortels qui saisissent la vérité de l'homme. Voilà un avare, voici un tartuffe... Et chacun peut s'y reconnaître.   

Et quand vous jouez ces textes, vous apprenez également des choses sur vous?

Oui, car je m'intéresse à moi, évidemment. Tout le monde s'intéresse à soi. Mais l'homme me passionne également. L'art est une chose fantastique. Prenez par exemple Marie-Thérèse, une jeune femme jouant bien la musique sur un bon piano. Tatie, Tata et Toto sont très contents d'elles. Et puis un soir, vous écoutez un concertiste. C'est autre chose... Marie-Thérèse, tout à coup, c'est de la merde. Le mystère est là. Et vous l'entendez tout de suite. Dans le jeu, c'est pareil. Il faut livrer au public sa personnalité d'acteur. Vous lui tendez un fil qu'il ne va pas lâcher. Quand vous prétendez être comédien, il faut trouver sa singularité. "Connais-toi toi-même", comme disait Socrate.   

Comment définiriez-vous votre personnalité? C'est quoi, votre truc?

Moi, je suis terriblement pragmatique. Et je marche à l'affect. Je dois ce trait de caractère à mon père, un type brillant, ingénieur, qui répétait : "L'intelligence ne suffit pas, il faut du bon sens." Un jour, un copain m'a dit : "C'est curieux, tu es drôle dans la vie mais sur scène, pas du tout. Si tu as un truc à toi, c'est là qu'il faut chercher." Il avait raison, c'était un vrai copain qui ne me passait pas la pommade. Mais dans la vie... [Il hurle.] Vous avez eu la trouille, là ! Oui, je gueule comme ça, je n'y peux rien. C'est de la timidité. Je parle fort parce que j'ai peur. 

De quoi?

Peur de m'affirmer. La scène m'a guéri. C'est étrange, un acteur : il est souvent timide et, en même temps, il veut se montrer. Il y a de la vanité, de l'ego. 

Avez-vous souffert d'une mauvaise réputation?

On m'a toujours reproché d'avoir une oreillette quand je joue. J'ai même raté un engagement à cause de ça. Mais l'oreillette est un souffleur moderne. Pas plus. Et, grâce à elle, j'ai sauvé plus de comédiens d'un trou de mémoire que je ne me suis sauvé moi-même. Un trou de mémoire n'est jamais prévisible. L'oreillette ne gêne personne mais elle a mauvaise réputation. On croit que je n'apprends pas mon texte. C'est une connerie : personne ne peut monter sur scène sans savoir son texte. Mais c'est la rumeur...   

Avez-vous également souffert de la réputation de l'acteur qui joue dans des navets?

Je ne suis pas le seul dans ce cas. Michel Serrault a été la vedette de beaucoup de mauvais films dans lesquels je n'étais que le second rôle. Mais personne ne le lui a reproché. Jean Poiret, pareil. Moi, j'ai avoué un jour que j'avais joué dans des merdes. Alors, on me le ressort. Mais je m'en fous. 

Quand vous enchaîniez tous ces mauvais films, n'aviez-vous pas l'impression d'aller à l'abattoir ?

Le cinéma, c'est l'art de trouver une chaise, comme disait Jouvet. On attend et on dit une phrase. Au cinéma, le metteur en scène a un peu bouffé l'art de l'acteur. Que les comédiens ne s'y trompent pas, de beaux films ont été réalisés avec des amateurs : Miracle à Milan, Le Voleur de bicyclette... Et Lassie est beaucoup plus connue que moi. C'est une star internationale. Ça rend humble. Si elle pouvait en plus signer des autographes, je serais moins que rien. 

Vous avez tourné 278 films, tout de même ! Vous êtes champion du monde !

Il n'y en a qu'une dizaine dans lesquels mon rôle était important. Les autres, c'est un jour de tournage. Ce n'est pas graaaavvvve. Je vais disparaître et personne ne se souviendra de moi !   

Allons... Il y a les films...

Les films ? Quels films ? Quand je parle de Jules Berry à des gens de théâtre, ils ne savent pas qui c'est. Marie Bell ? Personne ne s'en souvient. 

Vous donnez des cours de théâtre. Que dites-vous aux apprentis comédiens.

J'essaie de leur faire trouver l'étincelle, la clef qui leur ferait ouvrir la porte. Ce peut être rien : une intonation, un geste. Mon rôle, c'est de faire saisir cet instant-là. Parfois, il n'arrive jamais. 

Et vous le leur dites ?

Non, c'est impossible. D'abord parce qu'on ne compte plus les cas de professeurs qui ont incité des élèves à s'arrêter. Des élèves qui s'appellent Belmondo, Moreau, Raimu... Moi, on m'a dit, alors que je passais une audition : "Vous faites du droit ? Continuez." Oui, un prof peut se tromper. Mais vous ne pouvez rien dire à ces jeunes. Ils ne vous entendent pas. Ils ne veulent pas vous entendre. 

Est-ce important de laisser une trace ?

Non. Parce que personne ne laissera de trace. Quand la planète va exploser, il n'y aura plus rien. 

Admettons qu'elle n'explose pas tout de suite. Pas avant la fin de l'année, en tout cas. On peut se faire plaisir en revoyant des films...

Arrêtons de nous raconter n'importe quoi ! On va disparaître. Point. 

Bon. Vous dites avoir su très tôt que vous alliez jouer en seconde division. Mais vouliez-vous être connu ?

Oui, bien sûr. Dussé-je être banal : je suis vaniteux et cabot. Je reconnais que c'est con. Et après ? Tout en jouissant de cette position due à la reconnaissance, je sais qu'elle ne signifie pas grand-chose. Une voix me dit : "Pavane-toi si tu veux, mais tu es un pauvre petit gars comme les autres." 

Vous ne paraissez pas plus insupportable que la moyenne...

Je fais attention à ne pas importuner les gens. Mais le cabot se doit de faire le simple. 

Parfois, être pragmatique donne des regrets. En avez-vous ?

Je regrette de ne pas avoir eu l'argent qui m'aurait permis d'acheter ce théâtre, je vous l'ai dit. J'ai mis du temps à gagner ma vie. Aujourd'hui, je ne me plains pas, mais ça n'a pas été facile tous les jours. A la Comédie-Française, je devais gagner le Smic. J'ai eu le courage d'en démissionner. Je ne connaissais personne dehors. J'ai recommencé à zéro. 

Votre seul regret, c'est de ne pas avoir gagné suffisamment d'argent ! ?

Je regrette aussi de ne pas avoir joué dans de grands films. Comme les comédies italiennes. C'est peut-être prétentieux, mais ce genre-là était fait pour moi. J'adore la langue italienne. J'ai encore des rêves, vous savez. J'aimerais monter une petite pièce italienne dans un théâtre. Je ne l'ai pas encore fait. Pas assez de volonté. Un peu faignasse.   

Et vous ne savez pas dire non...

C'est vrai. Parce que je n'aime pas déplaire. Ma mère était ainsi. Petit, quand on me disait que j'étais gentil, ça me plaisait. Je me sentais valorisé. Mon frère savait dire non : il était respecté. Moi, on m'appelait la "bonne miche". Le temps passe trop vite pour changer. Si on n'est pas rigoureux, le travail ne se fait pas. Et je ne le suis pas. 

Résumons : fainéant, sans volonté, cabot, égocentrique... Vous avez quand même quelques qualités ?

Charitable. Un peu. Je ne suis pas l'abbé Pierre, non plus. Je pense l'être tout de même, ce qui attire à moi les escrocs. Un par an, en moyenne. Je ne m'en aperçois qu'après. Je crois à la gentillesse : j'ai un copain, je l'aide. J'ai connu un apprenti comédien qui était dans la merde. Je l'ai habillé, lui ai trouvé un appartement, je l'ai fait travailler. Il m'a foutu aux prud'hommes. J'ai été caution d'un autre gars qui n'a jamais payé son loyer. Qu'est-ce que vous voulez faire ? Ce n'est pas très grave. Cela dit, l'escroc me fascine, je regarde, j'étudie. 

On vous escroque et vous en faites une étude de moeurs...

Finalement, oui. Ces types-là ont un culot que je n'ai pas. J'aime comprendre ce qui se passe chez un homme. Ne croyez pas que je fasse la charité tout le temps ; je suis un égoïste comme tout le monde. Un beau salaud dans le fond. Mais je fais un geste. J'ai conscience que j'aide quelqu'un en sachant que c'est une façon de ne pas voir ce que je pourrais devenir. 

Prenez-vous toujours plaisir à monter sur les planches ?

Il y a d'abord de l'angoisse. Car la scène ne vient pas toujours comme il le faudrait. On me reproche de ne jamais jouer de la même façon. C'est vrai. Je suis parfois dans l'humeur du temps. Dans La Femme du boulanger, il y a les bons mots de Pagnol mais aussi de l'émotion. On m'accuse d'en faire trop ? C'est ma façon de jouer. Quand je sens le public, oui, je hausse le ton. J'ai des moments d'explosions joyeuses. Comme un type ivre qui danse dans la rue alors qu'il peut se faire écraser par une voiture.